Histoire de l'or : qu'est-ce que l'étalon or ?

Le 18/01/2022 par Morgane dans L'Histoire de l'or

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Etalon or dollar

L'étalon-or est un système monétaire dans lequel la valeur étalon-or est établie en fonction du poids fixe de l’or. Dans ce contexte, toute création de monnaie doit se faire en échange d'or. Pour assurer cette convertibilité, le montant émis par la banque centrale est fortement limité par ses réserves d'or.

Dans le cadre d’un régime économique lié à l’étalon-or, les règlements entre les pays se font en or. Étant donné que les monnaies des nations concernées sont établies selon des poids en or, le taux de change entre les deux monnaies est fixe, et égal au rapport de chaque poids d'or.

Exemple de l'étalon-or : 10 dollars = x grammes d'or. Pour émettre un billet de 10 dollars, la banque centrale américaine doit donc posséder dans ses coffres x grammes d'or.

Chronologie du système étalon-or

L'Allemagne a été fondée après la guerre franco-prussienne. Pour accroître la masse monétaire, le pays crée le Reichsmark, auquel il applique un étalon-or en utilisant l'or extrait des mines sud-africaines. D'autres pays ont rapidement rejoint le système et utilisé les propriétés de l'or comme unité de valeur solide, stable, universelle et échangeable.

L’étalon-or a ainsi permis de définir les règles des premiers véritables échanges monétaires internationaux, la manière dont sont déterminés le prix d'une monnaie et la nature de ses réserves de change, ouvrant ainsi la voie au commerce international.

Naissance de l’étalon-or

L’étalon-or succède au bimétallisme, lequel désigne la possibilité de convertir des devises en or et en argent. Dans les années 1870, un environnement déflationniste et récessionniste favorise la réintroduction de l'argent comme monnaie. Cependant, les quelques tentatives du retour de l’argent métal vont échouer. En 1879, seules les pièces d'or sont de facto acceptées par l'Union monétaire latine (avec la Grèce comme membre).

Les principales devises peuvent être converties en or à un prix fixé par la banque centrale qui émet la devise. Pour assurer ce changement, les banques centrales doivent conserver des réserves d'or. Chaque devise a une parité fixe pour l'or et le taux de change entre les devises est stable. Cependant, la stabilité des monnaies s'est accompagnée d'une déstabilisation des prix, de l’emploi et de la production. En effet, lors de la conversion de devises en or, la Banque centrale menace de baisser ses avoirs en or afin de réduire la demande d'or.

Une adoption limitée

Pendant la guerre 1914-1918, les nations en guerre déterminent la convertibilité de l'or dans leur monnaie. Dans ce contexte, il est impossible de financer l'effort de guerre. 

En 1922, la conférence internationale de Gênes conduit à un retour à l'étalon-or. Cependant, la convertibilité est limitée. Un pays qui n'a pas assez d'or en stock peut couvrir sa devise en détenant la devise du pays dans lequel l'or est en stock en garantie (système d'étalon de change-or ou étalon de change-or).

L'étalon-or n'a pas pu résister à la crise de 1929. Les pays européens ont introduit un contrôle des changes pour éviter les sorties de capitaux. En 1931, le Royaume-Uni décide de mettre fin à la convertibilité de la livre sterling-or, largement utilisée dans le commerce international. D'autres pays suivent comme le Japon ou encore les pays d’Amérique du Sud. L'étalon-or n'est respecté qu'aux États-Unis, en France et dans certains pays.

Les accords de Bretton Woods

La Seconde Guerre mondiale a coûté cher aux nations alliées : à l’époque, le système monétaire mondial est dans une situation complexe. Les accords de Bretton Woods, signés par 44 pays en juillet 1944, doivent permettre de mettre en place une organisation monétaire mondiale, et ont pour but de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la guerre. Les accords ont également permis la naissance du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Fonctionnement économique des accords de Bretton Woods

En vertu des accords de Bretton Woods, les normes de change-or régulent le système monétaire mondial de 1944 à 1971. Après cela, seuls les dollars peuvent être convertis en or, et toutes les autres devises peuvent être converties en dollars. Le dollar américain devient donc la devise standard pour les échanges internationaux.

Pour assurer la stabilité et la cohésion de l’économie mondiale, il est nécessaire d'établir des liens entre toutes les monnaies. En 1944, les États-Unis détiennent les deux tiers des réserves mondiales d'or et ont donc un poids considérable dans les négociations. Les devises internationales doivent être évaluées en dollars américains, eux-mêmes liés aux réserves d'or détenues par les Banques américaines. Les banques centrales des pays autres que les États-Unis ont donc le droit de convertir leurs dollars en or à un taux fixe, dépendamment des réserves d’or conservées par le Trésor Américain.

Toutefois, les Etats-Unis se heurtent à de vifs déficits commerciaux à partir des années 50 : les réserves d'or diminuent, tandis que la masse monétaire augmente, notamment à l’étranger. Le risque est de voir les banques centrales des pays ayant stocké des dollars, demander au Trésor Américain de récupérer leur valeur en or, or dont les Etats-Unis ne veulent pas se voir privés.

Nixon et la suspension de la convertibilité or-dollar

Lorsque les demandes de remboursements des dollars excédentaires en or commencent, le président des États-Unis, Richard Nixon, signe un décret présidentiel interdisant la convertibilité du dollar américain en or le 15 août 1971. Les dispositions des accords de Bretton Woods, signés en 1944, sont annoncées comme indéfiniment suspendues. La fin de la convertibilité du dollar en or fut l'une des décisions les plus importantes pour le système monétaire international dans la seconde moitié du 20e siècle.

Le système des taux de change fixes s'écroule définitivement en mars 1973 avec l'adoption du régime de changes flottants : les devises peuvent être échangées entre elles selon les principes de l'offre et de la demande.

Sous l’impulsion du président Pompidou, les membres de la Communauté européenne tentent alors de mettre en place un procédé économique visant à limiter les fluctuations de taux de change. Ce dispositif appelé serpent monétaire européen est un échec. 

Après un tel revers, les responsables européens sont à la recherche de nouvelles approches pour assurer la stabilité des différentes monnaies. Dans le même temps, le ministre des Finances du Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI), présidé par le ministre belge Willy De Clerc, adopte la réforme du système monétaire international à Kingston le 8 janvier 1976, à l’occasion de la signature des Accords de la Jamaïque.

Les accords de la Jamaïque

Les accords de Jamaïque légalisent un système de taux de change variables et mettent fin à un système de parité fixe mais ajustable au niveau international. L'or perd son rôle au sein du système monétaire international. Entre autres points essentiels, le FMI obtient un rôle de surveillance des échanges monétaires internationaux, où il garantit la stabilité économique et financière des pays concernés.

La possibilité d'un retour à un système généralisé de convertibilité en or est fixée dans les amendements du FMI, sur la base d'un accord issu des négociations franco-américaines de Rambouillet en novembre 1975. Cependant, cela est très théorique, car le vote devrait remporter 85 % des voix des administrateurs du FMI.

Retour à l’étalon-or : quelles sont les possibilités futures ?

Ce système monétaire a ses inconvénients, mais il a ses avantages, et certains économistes estiment qu'il doit être réintroduit. Il n'est pas surprenant que le retour de l’étalon-or soit régulièrement évoqué, car il a façonné l'histoire de l'économie mondiale. Son retour soulèverait également de nombreuses questions : sur quelles bases déterminer son cours ? Le système serait-il viable dans le temps ? Qu'adviendrait-il des pays qui refusent de l’intégrer ?

La réintroduction de l’étalon-or et ses détracteurs

Si dans les années 60, le général de Gaulle était un fervent défenseur de l’étalon-or, la Banque de France (BDF) quant à elle n’est pas aujourd’hui favorable à son retour. Sa réintroduction potentielle est jugée dangereuse et déstabilisante. Deux principaux risques sont évoqués :

  • le manque de flexibilité des devises dont les valeurs seraient déterminées par les réserves d’or ;
  • l’impossible ajustement des taux de change, notamment dans le cas d’un pays économiquement déficitaire.

La prise de position de la BDF n’est pas isolée. Le président de la Banque Mondiale, qui se veut en faveur d’un système successeur aux Bretton Woods, n’a pas convaincu les analystes. Ces derniers reconnaissent pourtant que le métal jaune pourrait être un substitut au dollar qui a perdu de sa pertinence.

Entre partisans et détracteurs, l’ensemble de ces débats et opinions n’influe pour l’instant pas sur la valeur actuelle du métal précieux. Pour le métal jaune, redevenir la référence pour un système de change aurait un impact négatif sur les cours et la volatilité. La plupart des spécialistes affirment que si l’or venait à jouer à nouveau un rôle de stabilisateur ou d'étalon dans les changes, il n'aurait plus de valeur propre et, à long terme, se déprécierait.

En conclusion

L’étalon-or a été pendant plus d’un siècle forgé l’économie mondiale. Son histoire est riche en rebondissements et soulève encore de nombreuses questions sur son retour.

Les principaux avantages de l’étalon-or sont sa simplicité, la stabilité qu’il offre au cours des monnaies et son auto-équilibrage. Il possède également plusieurs inconvénients, notamment dans le fait qu’il favorise économiquement les pays producteurs d’or et les grandes puissances commerciales.

Il est difficile de savoir s’il sera réintroduit dans le futur. Il n’en reste pas moins que le métal jaune a toujours été, reste aujourd’hui et restera encore une valeur refuge par excellence.

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