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L'or et les diamants éthiques, un enjeu environnemental

La préservation de l’environnement est aujourd’hui un enjeu de société primordial. Dans la joaillerie comme dans de nombreux autres secteurs, la façon de produire un bien de consommation doit respecter des normes strictes afin de limiter l’impact de l’activité sur les écosystèmes. Pour ce qui est de l’or éthique, le même enjeu est à relever par les sociétés minières et extracteurs d’or qui souhaitent s’inscrire dans la durabilité. Quelles sont les pratiques d’extraction minière qui altèrent notre environnement ? En quoi l’or éthique s’impose-t-il comme une garantie sur le plan du développement durable, tout en garantissant des conditions de travail décentes aux ouvriers ? Piochons profondément pour découvrir des mines de réponses.

Des conditions d’extraction polluantes et dangereuses

A toutes les échelles, l’extraction des métaux précieux nécessite l’emploi de grandes quantités de ressources, tout en générant des déchets toxiques. Quelques chiffres :

  • 2 700 tonnes d’or sont extraites chaque année dans le monde ;
  • D’énormes quantités d’eau sont nécessaires : au moins 25 000 litres d’eau sont utilisées pour l’extraction de 10 grammes d’or ;
  • Pour la même quantité d’or, 75 litres d’essence et 9 kg d’oxyde de soufre sont également employés, ce qui représente plus de 200 kg de CO2 ;
  • Mercure et cyanure constituent parmi deux des produits chimiques les plus nocifs exploités dans les mines aurifères. Il faut près de 750 grammes de mercure pour produire un demi-kilo d’or.

Ce métal lourd finit le plus souvent dans les rivières, où il est ingéré par les poissons dont la chair devient toxique pour les êtres humains et la faune environnante. Le cyanure rejeté dans l’environnement est également ingéré ou inhalé par les êtres vivants à proximité des mines : il provoque de graves lésions aux poumons, jusqu’à la mort par empoisonnement.

Malgré ces chiffres qui rendent compte d’une terrible réalité, la production de métal jaune reste inférieure à demande.

Dans les exploitations minières artisanales, l’absence de conditions sanitaires et de sécurité les plus élémentaires ainsi que le recours au travail des enfants sont monnaie courante. Plusieurs pays parmi les plus pauvres d’Afrique sont concernés par cette réalité. Les orpailleurs vivent dans des conditions précaires et effectuent un travail éreintant. Dans certains pays, la corruption est parfois durablement installée, ce qui contribue à légitimer ces installations de fortune qui fonctionnent dans la plus grande illégalité.

Une consommation d'or responsable

Il faut rappeler que 90% de l’or extrait mondialement provient de grandes industries très mécanisées. De ce fait, elles n’emploient que 20% des mineurs. Il reste quelque 15 millions de chercheurs d’or qui travaillent dans de petites exploitations qui ne respectent pas des conditions de travail décentes ni les droits de l’homme. Toutefois, cette industrie parallèle fait vivre sept fois plus de personnes de manière indirecte que les grosses entreprises. En effet, les grands groupes industriels miniers sont régulièrement pointés du doigt pour leur manque d’investissement social dans les régions exploitées. Les consommateurs ont heureusement de plus en plus accès à ce type d’informations, ce qui a entraîné ces dernières années une véritable demande pour davantage de contrôle et de protection des travailleurs et de l’environnement dans l’exploitation des métaux précieux.

Ces nouvelles exigences ont entraîné la création de plusieurs labels par les plus grands groupes internationaux en lien avec l’extraction et le commerce de l’or.

  • Le label Fairtrade : ce label suisse, déjà présent dans plusieurs secteurs industriels, garantit une production juste et équitable. On le retrouve dans de nombreux pays dits « en voie de développement » pour l’origine et l’exploitation de produits tels que le café ou le cacao.
  • Le label Fairmined est quant à lui exclusivement dédié aux activités minières.

Ces deux labels constituent des avancées importantes dans la création d’un cadre véritablement transparent quant aux conditions d’exploitation des ressources minières. Ils garantissent notamment :

  • L’interdiction du travail des enfants dans l’extraction des métaux précieux ;
  • La parité entre hommes et femmes pour des emplois similaires, et l’absence de discrimination à l’embauche ;
  • L’installation de structures adaptées permettant de sécuriser les sites de production ;
  • Des salaires décents pour les travailleurs.

D’autres labels plus exigeants encore

  • Le label RJC : Le Responsible Jewelry Council est une certification adoptée par les entreprises contribuant à la chaîne d’approvisionnement de l’or ou des diamants, de la mine jusqu’à la distribution. Tout d’abord dédié à l’or, au platine et aux diamants, depuis 2019 son application s’étend à l’argent ainsi qu’aux pierres précieuses de couleur.
  • Le label "Good Delivery" de la LBMA : il représente un sésame dans le milieu de la vente d’or en grandes quantités, car il ne concerne que les lingots de dix kilos et plus. Son obtention impose un cahier des charges extrêmement rigoureux, notamment sur la qualité de l’or, et implique la présence de mentions très précises sur le lingot comme l’origine et la date de fonte du métal précieux. Le but de ce label est de sécuriser les investisseurs professionnels sur l’achat de lingots volumineux.

Pour ce qui est de l’environnement, ces labels imposent une réduction drastique de l’utilisation de produits toxiques au profit de substances moins polluantes. Ils garantissent également le respect des normes locales en matière d’environnement. Pour le consommateur, c’est le gage d’une traçabilité qui lui permet de savoir comment son bijou a été produit. La tendance est bien à l’or éthique, encouragée par des acheteurs responsables.

L’or recyclé, l’alternative idéale

Si ces labels représentent évidemment une caution pour les exploitations minières, elles ne veulent pas dire pour autant que celles-ci n’émettent plus aucun rejet toxique ni que les orpailleurs vont adopter des méthodes de travail 100% vertueuses. La solution ultime serait d’utiliser uniquement de l’or recyclé pour répondre à la demande croissante des consommateurs. L’utilisation d’or ou d’argent de bijoux anciens pour la réutilisation des métaux précieux constitue une réelle opportunité.

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